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avait rencontrés partout. Je le trouvai si aimable que je l’invitai à revenir. Il n’abusa pas de l’invitation ; cependant je le revis souvent, même quand il n’avait pas affaire avec mon père. Il m’apportait quelquefois des cadeaux, que je refusais, et des souvenirs que j’acceptais. Un jour je lui demandai de poser devant ma toile ; il s’y prêta de bonne grâce. Ce jour-là je peignis une vraie tête d’homme avec une figure anguleuse, un menton carré, un front haut et puissant, un nez aquilin, une expression virile mais douce en même temps. Le jeune homme me complimenta sur mon habileté et mon talent. Ses félicitations me flattèrent beaucoup et je crus que je l’aimais. Comment aurais-je fait autrement que de l’aimer ? C’était le premier jeune homme que je rencontrais. Il me paraissait aimable parce que ses paroles étaient charmantes, son regard plein de douceur, son sourire attrayant. Oui, j’ai cru qu’il était l’amour personnifié me promettant le bonheur.

« Voilà, monsieur, ajouta encore Léontine, comment j’ai aimé le voyageur de commerce que mon père me présentait et m’offrait comme époux. Était-ce là le véritable amour comme toutes les jeunes filles le rêvent ? Était-ce là l’amour qui crée le bonheur et la paix dans la famille ? Oh ! non. Je sais aujourd’hui ce qu’est l’amour, cet attrait de deux âmes qui se croient sœurs, ces pulsations de deux cœurs qui sont synchrones. Depuis que je