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les voies de l’amour

« Je ne me le tins pas pour dit. J’étais orgueilleux, et je ne me sentais pas la pusillanimité de lâcher une proie si alléchante, qui me promettait par-dessus le marché une si belle clientèle. Que m’importaient les dires de cette commère ? Était-elle chargée par la famille de Léontine de m’avertir de laisser le champ libre à un ci-devant amoureux ? Cette nouvelle ne fit qu’augmenter mon désir de posséder Léontine, la belle fille aux cheveux blonds, aux yeux bleus si doux. Oh ! non ; elle était trop belle, trop aimable, trop dévouée, pour que je l’abandonnasse à un homme que je ne croyais pas digne d’elle. Moi seul pouvais la rendre heureuse et lui faire la vie belle et grande, et elle seule pouvait me donner le bonheur. Je l’aimais trop pour céder ma place à un simple voyageur de commerce. Mon cœur était trop rempli de son amour pour l’oublier jamais dans les bras d’un autre. Léontine m’avait trop dit son amour pour ne pas la croire sincère dans ses affections. J’avais trop appris à l’aimer et à goûter les plaisirs de sa conversation pour me priver à jamais des joies que j’en attendais dans l’avenir. Léontine, c’était désormais mon seul amour, mon seul espoir. Elle seule maintenant remplissait toutes mes pensées et tous mes rêves. Elle seule était le but de ma vie. Penser seulement que je ne la posséderais jamais me déchirait le cœur, me torturait l’âme. Parfois, quand elle me donnait les plus grandes