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pas si intéressé — favorisait les sentiments affectueux que sa jeune fille me manifestait parfois. Le père même, qui n’était pourtant pas des plus communicatifs parce que toujours tout à ses affaires, multipliait ses invitations. Il aimait, disait-il, me rencontrer souvent, me recevoir à sa table. Nos conversations variées le reposaient et lui faisaient oublier pour une heure les questions d’affaires et d’argent souvent ennuyeuses. Je me gardai bien de refuser aucune invitation quand le soin de mes malades me laissait quelque loisir. La table était si bonne, les gens si aimables, et Léontine — c’était le nom de la jeune fille — si affectueuse que j’étais tenté parfois de demander la main de la jeune fille à ses parents que je croyais tout disposés à me l’accorder. J’étais établi depuis si peu de temps dans le village et je craignais tant qu’on ne m’accusât de courtiser la jeune fille par intérêt parce que le père était le grand manitou, que je retardais toujours ma demande. Les suggestions de la mère et les allusions de Léontine auraient dû m’inspirer plus de hardiesse et me faire espérer le meilleur accueil.

« Un jour, dans une famille où je donnais mes soins à de petits enfants, je rencontrai une bonne vieille commère. Elle m’avertit charitablement que la jeune fille que je courtisais était déjà fiancée à un jeune homme, voyageur de commerce. Elle m’assura qu’à son retour je serais évincé de plus belle de la maison.