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les voies de l’amour

d’une enfant dont le plus grand trésor est la vie de sa mère. J’admirais le courage de cette jeune fille que ni les fatigues, ni les veilles ne rebutaient. Je la voyais à toute heure du jour et de la nuit dans les moments critiques de la maladie. Elle semblait toujours impassible comme ces âmes fortes que la douleur ou la misère ne peuvent abattre, ni démoraliser. Ses paroles douces, son sourire aimable relevaient le courage de sa pauvre mère, apaisaient les craintes de son père attristé. Mais quelles angoisses ne devait-elle pas endurer moralement quand sa bouche souriait et que ses beaux yeux respiraient toujours le calme ? Plus tard, quand je pénétrai plus profondément dans son intimité, elle me racontait, les larmes aux yeux, le cœur encore tout attristé, les transes mortelles qui l’agitaient, les inquiétudes qui l’accablaient quand elle pensait que la mort pouvait lui ravir sa chère mère. C’est au chevet d’une mourante que j’appris la sublimité de l’amour filial, la grandeur du sacrifice de soi-même, du sacrifice qui sait sourire quand le cœur pleure, la noblesse de l’âme qui fait toujours espérer quand tout autour de soi porte à la désespérance. N’est-ce pas par cet espoir qu’elle a toujours eu et qu’elle savait inspirer si profondément que cette jeune fille a sauvé sa mère ? Souvent aussi elle a relevé mon courage qui faiblissait devant les progrès de la maladie. Quand je voyais cette jeune fille si forte, je me sentais plus d’énergie pour lutter.