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les voies de l’amour

semblaient parfois comme les copies des étudiants un jour d’examen. Cependant elles ne devaient pas copier en se passant leur missive l’une à l’autre, car elles m’écrivaient en cachette l’une de l’autre. Chacune ignorait certainement la correspondance de l’autre puisqu’il était convenu entre elles et moi que mes réponses leur arriveraient à des adresses différentes.

« Pendant près d’une année, je fus assez fidèle à leur répondre ; j’en avais le temps. Parfois j’aurais été heureux d’avoir un dactylotype pour composer les deux lettres du même coup. Souvent ma deuxième lettre n’était qu’une copie de la première. Pouvais-je écrire bien différemment à deux sœurs que j’aimais presque autant l’une que l’autre. Parfois je pensais au malheur qui m’arriverait, et à la querelle mortelle qui s’élèverait entre les deux sœurs si l’une d’elles trouvait la correspondance de l’autre. Ce que je redoutais tant et que, cependant, je désirais encore avec plus d’ardeur, après une année, arriva enfin. Un jour, Béatrice oublia sur un meuble la clé du petit coffre en métal où elle conservait, à l’abri des indiscrétions, toute sa précieuse correspondance. Lucille trouva la clé et en profita pour satisfaire sa curiosité, excitée par les manœuvres de Béatrice, qui s’enfermait souvent dans sa chambre pour écrire ou lire ce qui lui paraissait être des lettres très intéressantes. Lucille, qui soupçonnait les amours de Béatrice, ne ces-