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tion d’autres pensées qui lui venaient malgré sa volonté bien arrêtée de ne laisser rien voir de son trouble. Quand je pris congé d’elle, elle essaya encore de rester calme en me disant : « vous revien… » mais elle ne put achever sa phrase ; la voix lui manqua et deux grosses larmes coulèrent le long de ses joues.

« Je restai peu de temps auprès de mes parents, j’avais hâte de me lancer dans la pratique et de retourner chercher celle qui se souviendrait le plus de moi. J’allais pratiquer dans un village quelque peu éloigné. Mes débuts ne furent pas trop pénibles car j’étais le seul médecin du village. Le médecin le plus rapproché demeurait à quelques lieues de là.


« Je recevais souvent, oh ! très souvent de longues lettres de mes deux amies de Montréal. Quand leurs lettres m’arrivaient en même temps je prenais plaisir quelquefois à les comparer. J’y trouvais souvent les mêmes sentiments exprimés dans les mêmes termes, les mêmes tournures de phrases, avec cette seule différence que le style de Lucille était plus haché, celui de Béatrice plus tempéré. On retrouvait facilement le caractère de chacune des deux sœurs dans leurs correspondances. Parfois je me demandais si elles n’avaient pas un traité de l’art épistolaire où elles puisaient les idées qu’elles arrangeaient chacune à sa façon. Leurs lettres se res-