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les voies de l’amour

pâture empoisonnée qu’on donne au chien pour s’en débarrasser. Parfois Lucille et Béatrice m’apparaissaient, toutes deux radieuses, dans des toilettes d’une blancheur éclatante qui leur faisait une auréole lumineuse. Elles portaient, sur des plateaux d’or finement ciselé, leur cœur, leur propre cœur qu’elles offraient à mon choix. Et les cœurs étaient des vases de vermeil d’où s’échappaient les plus belles fleurs qu’on pût imaginer qui représentaient les qualités de chacune des deux jeunes sœurs. Tour à tour les petites fleuristes me vantaient la beauté de leurs fleurs respectives, l’éclat de leurs couleurs, la délicatesse de leurs nuances, la suavité de leur parfum. J’hésitais dans mon choix ; je voulais prendre indifféremment dans chacun des cœurs, mais les deux petites fleuristes ne voulaient pas de ce partage. Elles touchaient d’un doigt magique une à une les fleurs qui s’évaporaient en un nuage d’encens, et les cœurs eux-mêmes se dissipaient comme les illusions de la jeunesse, et puis les jeunes filles s’évanouissaient dans l’auréole de leur robe toute blanche. Ah ! que j’aurais voulu les aimer toutes les deux ! Ah ! que j’aurais voulu ne plus les aimer ni l’une ni l’autre ! Pourquoi les avoir jamais connues ? Pourquoi avoir goûté les délices de leur amour ? Pourquoi étais-je seul à subir l’ardeur de leur passion ? J’appelais Jean de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces pour m’aider à partager l’amour de