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les voies de l’amour

d’une fois à ma chambre me dire tout son chagrin et pleurer sur l’infidélité de son bien-aimé. J’avais toujours des paroles d’encouragement et d’espoir à lui dicter. Quelquefois je la prenais en pitié ; elle savait si bien toucher ma sensibilité que parfois j’étais tenté de la consoler en lui offrant mon amour en compensation de la perte de son Jean. Béatrice n’était pas moins jolie que sa sœur, ni moins passionnée, et, si je n’avais pas tant aimé Lucille, j’aurais eu un véritable penchant pour elle. Après Lucille c’est elle qui répondait le mieux à mon idéal.

Je n’ignorais pas d’un autre côté l’amour de Jean pour Andrée, mais je me gardai bien d’en informer jamais Béatrice pour ne pas lui causer plus de chagrin qu’elle n’en avait déjà. Chose curieuse, Béatrice, qui venait de plus en plus dans ma chambre, me confier ses peines de cœur, choisissait toujours le moment où Lucille était absente, et elle s’évadait aussitôt que celle-ci apparaissait. À la fin, Lucille en conçut quelque jalousie et finit par m’en faire des reproches en même temps qu’elle déclarait une guerre acharnée à sa sœur. Les remontrances de Lucille à sa sœur n’eurent d’autre résultat que d’augmenter les sentiments d’amitié de cette dernière pour moi. Même à certain moment je crus m’apercevoir que cette amitié prenait une forme plus tangible et se muait en un véritable amour. Béatrice s’était-elle aperçue de la sympathie plus vive que je ressentais pour elle, ou