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CHAPITRE VIII

DOUBLE ENIGME

« Au début du dernier printemps que je passai à Montréal, quelques mois avant les examens de doctorat, Jean disparut tout à coup et nous ne le revîmes pas de quinze jours. Où était-il allé ? Il ne m’en souffla jamais mot. Pendant ce temps, Béatrice, que Jean avait passablement négligée pendant plusieurs mois, cherchait à remplacer l’infidèle dans son cœur. Pour Jean, Béatrice n’était plus que le passe-temps des entr’actes entre deux promenades d’Andrée à Montréal. Pauvre Béatrice, elle souffrait beaucoup de cet abandon, de cet oubli, et parfois elle cherchait à s’en consoler par ses coquetteries auprès des autres étudiants de la maison. Ce n’étaient plus alors que des amours passagères qui ne suffisaient pas à l’ardeur de sa passion. Quand elle aimait, elle aimait sincèrement, jalousement. Elle ignorait absolument le partage dans les amours ; tout ou rien, telle était sa devise. Jean ne comptait plus les crises de jalousie rageuses dont il avait été la victime à bon droit. Jean et Béatrice venaient à tour de rôle me dire confidentiellement leurs ennuis. Jean riait plutôt et se moquait des colères de Béatrice. Mais celle-ci est venue plus