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les voies de l’amour

rubans. Lucille ne passait pas inaperçue ; elle était voyante dans sa mise, et remarquable par son décolleté ; c’était un vrai papillon machaon. Andrée était plus réservée dans son maintien, plus sage dans son langage ; elle avait ce calme de l’eau du ruisseau dont on ne peut se lasser d’entendre le murmure. Lucille, plus bruyante dans sa conversation, avait une voix de castagnettes qui résonnent pendant la danse. Plus ardente, plus expansive, plus loquace, Lucille jetait plus d’éclat passager ; c’était la jeune fille qu’on admire momentanément et dont on ne goûte pas longtemps la conversation. Elle ressemblait à la flamme qui crépite plus qu’elle ne donne de lumière. Lucille était pétillante comme ces vins capiteux dont il ne faut pas abuser parce qu’ils étourdissent vite, ou qui deviennent plats si l’on attend trop avant de les déguster. Plus sensée, plus instruite, Andrée soutenait une conversation intelligente, suivie ; Lucille causait à bâtons rompus.


« Comment ai-je pu préférer Lucille à Andrée ? Je ne le comprends pas aujourd’hui. Peut-on comprendre la jeunesse ? Et l’amour, peut-on le comprendre mieux ? Qu’est-ce que l’amour, si ce n’est un sentiment dont on ne connaît pas l’origine, qui nous vient d’où ? qui conduit où ? Un mot, un geste, une œillade, c’est l’étincelle qui allume l’incendie dévorant. Mais où est la réflexion ?