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les voies de l’amour

prenais pas cet amour passionné de Jean. J’étais surtout perplexe et je comprenais encore moins quand, très tard dans la nuit ou le lendemain des soirées dansantes, Jean venait me raconter ses plaisirs, me dire toute la joie qu’il avait éprouvée en la compagnie d’Andrée. Il me disait comme elle était gentille et aimable avec lui. Il me disait avec emphase tout l’amour qu’Andrée ressentait pour lui. Il me répétait avec orgueil les déclarations d’amour que lui faisait Andrée avec une âme toute vibrante de passion. « Jamais, lui disait-elle, je n’ai aimé comme je vous aime ; vous êtes la lumière de mes yeux, la joie de mon cœur. Près de vous je sens toutes les fibres de mon être vibrer dans un chant d’amour, de passion folle. Il me tarde d’être à vous tout entière. Quelles sont longues les années d’études ! Quand donc finiront-elles ? Quand donc apparaîtra ce beau jour où je vous dirai : prends-moi, Jean, emporte-moi où tu voudras, je suis à toi pour toujours ; je suis ta chose, ton bien, ta poupée. Il tarde trop ce jour ! Et le soleil de ce jour sera trop lent dans sa course céleste vers le zénith, vers le couchant. J’en attendrai avec impatience le coucher. Ses rayons d’argent brilleront trop longtemps à travers l’or et la pourpre du déclin ; ils me feront mourir de langueur. Ô ! Jean, mon Jean ; ce n’est pas l’aurore éblouissante de ce jour que j’attends, ce n’est pas la lumière éclatante de ce jour que je veux voir, ce n’est pas