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les voies de l’amour

ombres sur la terre autour de moi, image du trouble qui envahissait mon âme et mon esprit. Je me retournai et repris à pas lents le chemin du retour et les nuées roulaient, roulaient et se déchiraient en lambeaux que la brise éparpillait, et de nouveau apparaissait la lune dont la lumière blanche éclairait avec éclat la façade de la maison paternelle, et mes yeux troubles croyaient apercevoir, sur le perron en face de la porte, Lucille qui me tendait les bras. L’image d’Andrée était déjà effacée de mon esprit ; hélas ! son souvenir disparaissait en même temps de mon cœur.


« Pendant les trois dernières années de ma cléricature, j’allai très rarement chez mes parents, mais j’entrevoyais souvent Andrée à Montréal. Je la croyais en amour avec Jean Roy, mon ami, qui paraissait heureux de la promener partout ; mais elle semblait toujours triste. Pourquoi cette tristesse dans l’amour ? Je ne comprenais pas et je me disais souvent : si Andrée aime Jean, pourquoi n’est-elle plus jamais gaie comme auparavant ? L’amour est au cœur et à l’expression du visage ce que le soleil est aux plantes et aux fleurs qui poussent, verdissent, s’épanouissent, s’embellissent sous ses rayons bienfaisants. L’amour, soleil aux rayons infra-rouges et ultra-violets, réchauffe les cœurs, colore les joues, anime l’expression, met des reflets brillants dans le