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les voies de l’amour

contraires. À cette vue, tout énervée, tout effrayée, je secouai mon tablier et les fleurs s’éparpillèrent sur le gazon et je me sauvai sous une tonnelle pour ne plus voir le fleuve et les barques. Depuis, l’oubli a chassé de ton cœur les beaux sentiments, les belles pensées que tu avais pour moi, comme le vent a dispersé les pétales desséchés de nos fleurs et les barques se sont éloignées l’une de l’autre. Hormis mon amour, il ne me reste plus rien que le triste souvenir du présage néfaste qui m’avait tant effrayée ; puis plus rien sur l’onde ; plus rien sous le gros érable ; plus d’amour dans ton cœur pour Andrée. Va, mon Michel, vers d’autres amours ; va vers d’autres cieux ; oublie-moi, sois heureux ; je veux désormais rester seule avec tout mon amour pour toi dans mon cœur. Va, mon Michel ; je te chercherai encore et toujours dans les belles allées de nos jardins que je veux faire entretenir toujours pour y retrouver nos beaux souvenirs. J’irai sous les tonnelles causer avec ton ombre. J’irai sur le petit pont japonais me pencher au-dessus de l’eau tranquille pour y retrouver ton image. J’irai sous le gros érable respirer le parfum des fleurs que nous y avons éparpillées. Quand le soleil froid de l’automne n’attirera plus la sève vers les feuilles qui prendront des tons d’or et de rouille avant de tomber dans les allées pour y ensevelir la trace de nos pas, quand les grands vents auront dépouillé de leurs dernières feuilles les arbres, les