ne m’as-tu pas écrit quand je mettais tout mon cœur, toute mon âme, dans les lettres si fréquentes que je t’envoyais ? Que pouvais-je te dire de plus ? Et tu ne me répondais seulement pas. Quand tu viens et que tu me fuis, sais-tu les déchirements de mon cœur et de mon âme ? Sais-tu ce que c’est que d’aimer, de soupirer et de pleurer ? Quand tu viens et que je ne te vois pas, connais-tu mon désespoir ? Si tu avais vu mes pleurs, entendu mes soupirs, quand je te cherche et que je ne te vois pas, tu connaîtrais ce que c’est que d’aimer sans espoir. Ô ! Michel, que Dieu te préserve de ces larmes, de ces sanglots. Plutôt qu’Il te les inflige et tu connaîtras alors la profondeur de mon amour et tu m’aimeras comme tu m’as aimée. Michel, je le sais, tu ne m’aimes plus et j’en mourrai. Mais que t’importent ma vie et ma mort ? Ma barque chavire ; l’onde m’attire et ta barque fuit sans que tu me tendes la main. Devrais-je implorer ta pitié ? Oh ! non, non ; je ne veux pas de pitié. C’est ton amour que j’ai voulu ; tu me l’as retiré, j’en périrai. Laisse l’onde m’engloutir et vogue vers le bonheur. Te souviens-tu, Michel, un soir nous étions assis sous le gros érable près du fleuve ; nous avions empli mon tablier des plus belles fleurs de nos jardins ; elles nous chantaient dans leur langage l’amour que nous avions l’un pour l’autre, quand nous aperçûmes tout à coup deux frêles esquifs qui glissaient sur l’onde au gré des courants
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