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les voies de l’amour

Quand, par malheur pour elle, je la revoyais seule, je ne cessais par hypocrisie de lui reprocher sa conduite envers moi et son infidélité.

« Ô ! Michel, me dit-elle un jour que nous nous rencontrâmes seuls dans le jardin, si tu savais ce que j’ai souffert et ce que je souffre encore de ton oubli cruel, tu m’aimerais de nouveau, tu te pencherais vers moi pour essuyer mes larmes, pour étouffer mes soupirs, pour abréger mon martyre. Sais-tu comme je t’ai aimé et comme je t’aime encore ? Tu remplissais et tu remplis encore toutes les pensées de mes jours et tous les rêves de mes nuits, et cependant je ne te vois plus jamais que dans mon esprit, dans mes rêves. Tu m’as enlevé tout espoir et cependant dans mon cœur, je sens encore les battements que tu y as provoqués ; tu vis encore là ; je t’y sais et je t’aime comme la mère qui aime d’autant plus le fruit de son amour qu’elle a plus souffert en le portant et en l’enfantant. Quand je relis tes dernières lettres, sais-tu la douleur que j’en éprouve ? J’aime cette douleur, cette souffrance parce qu’elles me viennent de toi. Je les relis souvent, ces lettres, parce qu’elles me font pleurer sur ton oubli et plus je pleure plus je t’aime. Pleurer ce n’est plus que mon seul partage, ma dernière consolation. Pourquoi ces lettres si tristes, si décourageantes dans lesquelles je ne trouvais plus un seul bon sentiment, une seule parole d’amour ? Et puis pourquoi