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les voies de l’amour

but de m’inquiéter, de me faire languir. Je m’informais, je devenais jaloux et quand je la rencontrais de nouveau, je l’entraînais dans ma chambre. Elle résistait pour se faire désirer davantage. Je l’asseyais tout près de moi ; je la grondais ; je lui déclarais mon amour ; je lui reprochais son peu d’amitié pour moi, son oubli. J’allais jusqu’à la traiter d’ingrate. Alors ce n’était plus Andrée, la petite campagnarde timide, que j’avais près de moi ; Lucille redevenait la vraie Lucille, la jeune fille de la maîtresse de la maison. Elle m’encerclait le cou de ses deux bras ronds dont la peau avait la douceur du satin, la blancheur de l’ivoire et le parfum de la femme aimée. Ses grands yeux ardents plongeaient profondément dans les miens pour y réveiller l’amour et elle signait notre amour mutuel par de gros baisers sur ma bouche que je lui tendais avec volupté. Je l’aimais de plus en plus, et j’oubliais Andrée qui paraissait ne plus se souvenir de moi.


« Les congés devenaient plus rares ; mes voyages à la campagne moins fréquents, et pourquoi les lettres d’Andrée s’espacèrent-elles également ? Je ne comprenais pas. Je finis par croire à l’oubli complet. Et pendant ce temps là, Lucille, qui avait remarqué ma tristesse, revenait plus souvent à ma chambre. Elle redoublait ses minauderies, ses caresses pour me retenir à Montréal.