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les voies de l’amour

campagnard qui attend le réveil de sa bien-aimée pour la conduire, à travers les rosiers encore en fleurs, jusque sous les tonnelles pour lui dire tout son amour en lui tressant des couronnes avec les feuilles aux teintes d’or, de cuivre rouge ou de rouille. Oh ! que j’aurais voulu rester là, sous le charme de toutes ces beautés et de cet amour si tendre. Montréal était loin, bien loin dans l’oubli.


« Les congés étaient bien courts et quand je revenais à Montréal, la pauvre chambre de l’étudiant me paraissait bien petite, bien isolée, bien sombre, à peine éclairée par les reflets brillants des yeux noirs de Lucille dont la présence me faisait regretter davantage le minois gracieux de ma chère Andrée. Oh ! que je détestais alors cette Lucille, avec son air enjoué, cajoleur, sa mine délurante, ses poses suggestives, son langage libre, son goût de la cigarette. Je la détestais, et cependant elle me manquait quand elle n’était pas assidue aux soins de ma chambre. Je détestais de l’entendre frapper à ma porte. Je n’aimais pas l’inviter d’entrer quand elle m’en demandait la permission, mais j’étais heureux quand elle pénétrait en intruse. Je m’ennuyais à mourir quand j’étais seul dans ma chambre. Lucille s’en était aperçue, aussi voulut-elle toujours me distraire et chasser l’ennui qui me rendait morose. Seul, il me manquait quelque