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CHAPITRE VII

COMMENT L’OUBLI EST VENU

« Au début de ma première année de cléricature j’écrivais toujours longuement à Andrée. Je ne comptais pas les pages de mes lettres. Il me semblait que les feuillets n’étaient jamais assez grands pour y mettre tout ce que de mon écriture serrée je désirais lui apprendre. Je savais Andrée avide de nouvelles du jeune étudiant en médecine. Elle m’avait recommandé en partant de la tenir au courant de mes faits et gestes. Elle s’imaginait que la vie que j’allais mener en toute liberté, loin des regards et de la surveillance de mes parents, serait triste ou joyeuse par moment, remplie des embûches et des traquenards qui guettent les caractères faibles. Elle craignait pour moi ou pour elle la rencontre des jeunes filles frivoles et coquettes, et même des jeunes filles sérieuses et aimables qui avaient plus d’un atout pour s’attacher la jeunesse étudiante. « Loin de moi, me disait-elle, au milieu des plaisirs, des fêtes et des dangers d’une grande ville, tu oublieras vite ta petite campagnarde ; et que deviendrai-je sans toi ? Si tu fais des conquêtes, qu’elles ne soient pas de longue durée. Imite le papillon que nous nous amusions à voir voler de