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les voies de l’amour

son amitié que je finis par le croire. Jean cherchait toujours à me distraire et à chasser loin de moi ce souvenir de mon Andrée qui selon lui n’était plus digne de mon amour. Aussi encourageait-il Lucille à me poursuivre de ses attentions bienveillantes. Dans l’état de découragement où je me trouvais, je ne demandais pas mieux que de recevoir les consolations d’une jeune fille belle et aimable, n’aurait-ce été même que par dépit. C’est ainsi que j’en vins à aimer Lucille, tout d’abord d’un amour craintif qui se changea peu à peu en un amour passionné. C’est alors que Jean me montra la supériorité de la citadine sur la villageoise ; l’esprit lourd de l’une ne pouvait pas se comparer à l’esprit pétillant de l’autre ; la beauté froide de l’une à la joliesse de l’autre ; l’attitude simple de l’une à l’élégance de l’autre.


« Souvent dans mes moments d’isolement je cherchais à m’expliquer ce revirement d’opinion que je remarquais chez Jean depuis quelque temps. Autrefois il estimait tant Andrée que parfois j’en éprouvais des sentiments de jalousie lorsqu’il me vantait la beauté et la douceur d’Andrée, lorsqu’il m’énumérait ses qualités supérieures, lorsqu’il semblait envier mon bonheur. Et puis tout à coup dans la petite villageoise, il ne voyait plus qu’une rustre sans instruction, sans éducation, dont la beauté s’affadissait avec l’âge qui paraissait marcher