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les voies de l’amour

jamais je ne revinsse à Andrée qu’il aimait follement.

« Dans nos conversations intimes, Jean entrait dans tant de détails, me dévoilait tant de secrets que je ne pouvais me taire moi-même. Ses confidences m’invitaient à lui ouvrir tous les replis de mon cœur et je lui dévoilais sans arrière-pensée, comme à un ami sincère, des choses que je n’aurais jamais dites à un autre, fût-il mon frère ou ma mère. Et quand je lui racontais mes amours passées et ma passion nouvelle, ma voix s’éteignait presque. Je lui disais mon premier amour qui avait pris naissance presque au berceau d’Andrée, qui avait grandi en même temps que nous, et qui n’aurait dû s’éteindre qu’à notre mort selon les désirs et les souhaits de nos parents. Je lui disais quel plaisir ressentaient nos parents lorsque, du haut d’un balcon ou d’une fenêtre, ils contemplaient nos jeux dans les parterres fleuris, nos cachettes dans les bosquets ou les tonnelles, nos courses à la poursuite des papillons. Je lui disais la joie et la surprise d’Andrée quand je lui donnai la petite chatte que j’avais sauvée du naufrage. Je lui disais le plaisir que nous avions de nous revoir les jours de congé pendant notre pensionnat. Je lui disais mes larmes secrètes quand j’avais craint de la perdre pendant nos dernières vacances à la plage. Je lui disais nos adieux touchants quand je la quittai pour venir étudier la médecine. Je lui disais les appréhensions d’Andrée à mon départ : « Oh !