culte vraiment digne d’elle ? Puis il se levait, s’avançait vers la porte dont il secouait la poignée pour s’assurer que personne ne l’écoutait plus. Il revenait s’asseoir tout près de moi et d’une voix basse, tout à fait confidentielle, il me vantait la bonté et les qualités de Lucille. Il aurait tant aimé ses beaux yeux, diamants noirs qui brillaient de feux perpétuels et dont les flammes chatoyantes jaillissaient jusqu’au fond des cœurs pour y entretenir l’ardeur de l’amour ; il aurait tant aimé ses petites oreilles toujours prêtes à recevoir les confidences amoureuses ; il aurait tant aimé la blancheur de ses joues, mimeuses pudiques auxquelles un regard ou une pensée donnait l’éclat de la rose ; il aurait tant aimé l’incarnat de sa petite bouche qui réveillait tant d’idées sensuelles ; il aurait tant aimé son esprit alerte qui donnait tant de piquant à sa conversation ; enfin il l’aurait aimée tout entière parce qu’il ne voyait pas de beauté plus parfaite. Malheureusement son meilleur ami l’aimait et il ne pouvait aller sur les brisées de cet ami si dévoué.
« Imbécile que j’étais ! jamais je ne me suis demandé alors pourquoi Jean me vantait tant la beauté et les qualités de Lucille puisque j’aimais déjà celle-ci à en mourir, et pourquoi, lui-même, il l’aurait tant aimée si elle n’avait pas été la chérie de mon cœur ? Ah ! je comprends aujourd’hui toute sa perfidie : me rendre jaloux et m’attacher Lucille par des liens indissolubles pour que