prunteur, grand prometteur, et il ne sut jamais s’appauvrir de l’argent qu’il aurait dû remettre. Ses démonstrations apparentes d’amitié et d’amour envers Béatrice laissaient croire à un amour passionné. Souvent le soir, quand nous pouvions être seuls dans nos chambres sous prétexte de préparer des examens pour le lendemain, Jean me dévoilait la sincérité et la profondeur de son amour. C’était son premier amour vrai qui devait durer, à l’en croire, toute sa vie. Il était flirt avec toutes les jeunes filles, mais avec sa Béatrice, il était sincère et jamais il n’aurait osé la tromper. Elle était si bonne et si aimable pour lui qu’il entrevoyait déjà tout le dévouement dont elle l’entourerait plus tard. Sa bonté et sa beauté ne le cédaient que de bien peu à celles de sa sœur Lucille. Il lui trouvait tant de qualités qu’il ne pouvait s’empêcher de l’aimer du plus profond de son cœur. Quand Jean m’énumérait toutes les qualités de Béatrice, et qu’il prenait plaisir à me dévoiler tout l’amour qu’il ressentait pour elle, on eût dit que l’enthousiasme le gagnait ; sa voix prenait des intonations plus fortes, son accent devenait plus vibrant. Il mettait tant de feu dans son langage que parfois je me demandais s’il ne jouait pas la comédie pour être entendu de cette chère Béatrice, qui écoutait peut-être à la porte ou dans le corridor. La croyait-il simplement crédule ou voulait-il lui prouver dans ses confidences à un ami qu’il lui vouait un
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