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les voies de l’amour

mère dans les soins de la maison. La mère était à la cuisine ; Ildefonse était chargée des gros ouvrages et les deux petites demoiselles voyaient à l’entretien des chambres des pensionnaires, presque tous étudiants en droit ou en médecine. Si toutes les chambres avaient été aussi bien entretenues que celle de Jean et la mienne, nous aurions pu certainement décerner à ces demoiselles un brevet de propreté méticuleuse, d’adresse et de vitesse dans le travail, car ces deux petites amoureuses passaient la plus grande partie de leur temps dans nos deux chambres à les enjoliver ou à nous attendre. Si par hasard elles étaient ailleurs à notre arrivée, nous les entendions aussitôt monter l’escalier à pas feutrés pour nous annoncer une nouvelle que nous savions longtemps avant elles, ou nous apporter un objet dont nous ne savions que faire. Quand elles étaient obligées d’aider leur mère à la cuisine pour nous faire quelque bon petit plat, elles chargeaient Ildefonse de faire la garde à l’entrée de la maison et de les avertir de notre arrivée. C’étaient deux petites jalouses qui ne nous quittaient pas d’une semelle. Dans les premiers temps de mon séjour dans cette maison, je me fatiguai vite de ces attentions constantes et de cette surveillance perpétuelle, mais peu à peu l’accoutumance se fit, s’accentua davantage et je finis par me laisser dorloter parce que l’amour était entré un soir avec Lucille dans ma chambre. Nous étions choyés, Jean et moi.