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les voies de l’amour

soirs, nous nous faisions répéter les contes de maisons hantées, de morts qui reviennent en traînant de lourdes chaînes, d’âmes qui se vendent au diable, de feux-follets qui parcourent les campagnes et les cimetières, de loups-garous qui implorent la délivrance par un coup de clé au milieu du front. Nous frémissions au récit de ces histoires macabres ; mais elles étaient si bien dites, et nous étions si bien en sûreté dans notre cercle rétréci, avec notre père qui fumait sa bonne vieille pipe d’écume de mer à quelques pas de nous, que tous les soirs nous redemandions nos contes avant d’aller nous mettre au lit…

« Dans mon jeune âge, le soir venu, quand j’étais obligé de faire quelque course par les rues ténébreuses de la ville, je tapais fortement du talon sur les planches du trottoir pour me donner du cœur et effrayer les revenants, ou quand mon père me demandait d’aller chercher sa pipe et sa blague à tabac dans une chambre obscure, j’y allais à reculons en tenant la queue de mon veston de peur que les revenants ne s’y accrochassent. Je n’étais pas lent à saisir la pipe et la blague et à sortir de l’obscurité.

« Tels étaient ma peur et mon cauchemar : les morts et les revenants.

« Nous venions donc, mon frère et moi, d’être admis à l’étude de la médecine et nous voulions immédiatement profiter de l’absence des étudiants en vacances, pour