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les voies de l’amour

réveillaient en moi les beaux souvenirs de mon enfance et de ma jeunesse.

« Nous entrâmes dans la petite église. L’odeur de la cire fondue, le parfum de l’encens qui s’en répandaient jusqu’au dehors nous y invitaient. Il y régnait une lumière douce, reflet du croissant de la lune. Le sacristain éteignait sur l’autel les nombreux cierges d’où s’échappaient encore des ondes chaudes qui montaient vers la voûte. Des âmes pieuses déposaient des aumônes dans le tronc de Saint-Antoine ; quelques-unes se prosternaient devant les stations du chemin de croix, et d’autres, assises dans les bancs, égrenaient dévotement leur chapelet ou se livraient à de pieuses méditations. Seul le pépiement de quelques petits oiseaux, encore éveillés sur les branches qui se jouaient en face des vitraux entre-bâillés, jetaient une note claire dans ce grand recueillement ; c’était la prière du soir de la gent ailée. Nous nous agenouillâmes dans le dernier banc et nos cœurs se confondirent en une même invocation, une même prière. Petit à petit les dévots sortaient ; le vide se faisait dans la petite église ; le silence grandissait ; les ombres s’élargissaient ; les cierges s’éteignaient un à un ; enfin seule la lampe du sanctuaire jetait sa lumière vacillante qui ne s’éteint jamais. Andrée et moi, dans un mouvement instinctif, nous nous donnâmes la main ; nous murmurâmes des paroles sacrées ; c’étaient nos