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Concluons.

Nous ne savons si, en présence de ces quelques constatations, il viendra à personne l’idée de dire que l’origine gréco-égyptienne du conte de Cendrillon est certaine, et que Rhodôpis est la mère de toutes les Cendrillons orientales et occidentales. Mais nous admettons qu’on le dise, si cela fait plaisir ; nous admettons même qu’on

    elle auprès du mari. Mais (nous donnons, d’après le recueil A. Landes, la version commune aux deux premiers contes annamites et aux deux contes tjames) la vie de l’héroïne, par transformations successives, s’est perpétuée d’abord dans un oiseau, puis, après que sa rivale a fait tuer l’oiseau, dans une pousse de bambou et enfin dans un arbre thi (mœkya, dans les contes tjames) avec un beau fruit. Vient à passer une vieille mendiante. « O thi ! dit-elle, tombe dans la besace de la vieille ! » Le fruit obéit, et la vieille le rapporte chez elle. Pendant qu’elle est absente, la jeune princesse sort du fruit et fait le ménage. La vieille, en rentrant, est très étonnée de voir tout en ordre. Un jour elle se cache et surprend l’héroïne : ayant appris son histoire, elle la garde auprès d’elle comme sa fille adoptive. Bientôt l’héroïne envoie la vieille inviter le fils du roi à un festin. Le prince se moque de la bonne femme et lui dit qu’il viendra, si elle tapisse tout le chemin de soie brodée. Le génie, protecteur de l’héroïne, ayant donné satisfaction à cette exigence, le prince vient, et il reconnaît sa vraie femme. Le fruit qui contient l’héroïne, implacablement poursuivie de transformation en transformation par une rivale, ce fruit qui tombe (à la lettre) entre les mains d’une pauvre femme, le ménage fait, etc, autant de traits tout indiens (voir, par exemple, un conte du Dekkan dans nos Contes populaires de Lorraine, I, p. LXII). Ce n’est donc pas dans l’Indo-Chine qu’ils ont été inventés ; ils y ont été apportés, avec tant d’autres, de l’Inde. Mais la juxtaposition, tout arbitraire, de cette histoire du fruit merveilleux et du thème propre de Cendrillon se serait-elle faite, elle, dans l’Indo-Chine ? Pas davantage. Et la preuve, c’est que nous retrouvons cette même juxtaposition, loin, bien loin de l’Indo-Chine, dans un pays où, de même qu’en Indo-Chine, les contes indiens ont été apportés par les grands courants historiques, ici par le courant persano-arabo-turc. Chez les Grecs modernes, dans un conte recueilli à Zagora, province de Thessalie, Grèce Septentrionale (miss Lucy Garnett, Greek Folk Poesy. Guildford et Londres, 1896, p. 116 et suiv.), après que les deux sœurs de Cendrillon l’ont, par un procédé magique, transformée en oiseau, celle qui s’est substituée à Cendrillon auprès du prince, fait tuer l’oiseau par celui-ci, et de trois gouttes de sang de l’oiseau, naît un pommier : il faut que le prince abatte aussi ce pommier. Nous transcrivons littéralement : « Quand le prince l’abattit, vint à passer une vieille femme, et elle lui dit : « Donnez-moi une pomme. » Et il lui en donna une, et dedans était sa femme, Cendrillon. La vieille prit la pomme et la mit dans sa boite (box). Elle en sortit et elle balaya et fit tout le ménage pour la vieille. La vieille rentra et se demanda qui avait bien pu faire son ouvrage. » — Le récit s’embrouille ensuite. Ce n’est pas après avoir surpris la princesse à la besogne que la vieille (tout comme dans les contes indo-chinois) invite le prince à venir manger chez elle ; c’est auparavant. « Un jour (dit le conte grec, que nous continuons à transcrire), elle trouve le prince et lui dit : « Venez, et je vous donnerai un plat sucré (a sweetmeat) et une bonne pomme de votre pommier. — Avez-vous encore, mère, la pomme que je vous ai donnée ? — Oui, mon fils. » Le prince vint. La vieille alla pour ouvrir [la boîte où elle avait mis la pomme] et fut bien étonnée. « Comment êtes-vous venue ici ? » demanda-t-elle [à Cendrillon], et elle lui raconta toute l’histoire. La vieille servit au prince des noisettes. « La pomme, dit-elle, je l’ai trouvée toute pourrie et bonne à rien. » Finalement, la