sans que, le plus souvent, les poètes paraissent avoir vu eux-mêmes
de la neige ; les descriptions sont pauvres et sans aucune originalité.
En tous cas, elles se rencontrent fréquemment.
L’expression himapându, himapandura, « blanc comme la neige », se rencontre assez souvent aussi. Très souvent, le clair de lune est comparé à la blancheur de la neige ; la lune elle-même, « l’astre aux rayons froids », à la neige glacée. Enfin, dans des textes de toute origine, il est question des montagnes où la neige est éternelle, nityahima[1].
Évidemment les populations de la plus grande partie de la péninsule
indienne, où la température du mois le plus froid de l’année
est, à Calcutta de 18 degrés au dessus de zéro, à Bombay de 22,
à Madras de 24, ne peuvent parler de la neige de visu ; mais ceux
des Hindous qui sont voisins de l’Himâlaya, habitent une région
où, si l’été est très chaud, l’hiver est rude et dure parfois longtemps.
D’après une statistique officielle (Imperial Gazetteer of India,
Oxford, 1908, vol. xiii, p. 125), — dont les résultats nous sont communiqués par notre ami M. W. Crooke, si connu de tous ceux qui
étudient le folklore hindou, — dans la région himâlayenne, « la
neige tombe généralement à partir d’une altitude d’environ
5.000 pieds (1523 mètres) dans l’ouest ; des chutes de neige à
2.500 pieds (761 mètres) ont été constatées deux fois au Kamaon
durant le siècle dernier (xixe siècle). » Les grands sanatoriums de
l’Himalaya sont tous à une altitude supérieure à 1.500 mètres, par
conséquent dans des régions où il neige :
— Simla (14.300 habitants), 2.160 mètres ;
— Dardjiling (17.000 habitants), résidence d’été du Gouverneur
de l’Inde, 2.182 mètres ;
— Massouri, station sanitaire pour les troupes indo-britanniques,
1.830 à 2.200 mètres ;
— Naina Tâl (6.900 habitants et 700 hommes de garnison), résidence
d’été du Lieutenant-Gouverneur, 1.955 mètres.
Le Kamaon (1.700.000 habitants) est, — quant à sa capitale Almora (7.000 habitants), sanatorium, — à une altitude de 1.680 mètres. Le Cachemire, avec ses 2.905.000 habitants (le tiers dans la célèbre vallée), est, quant à cette vallée, à 1.800 mètres.
- ↑ Nous devons ces divers renseignements à l’obligeance de notre ami M. Félix Lacôte, professeur de sanscrit à la Faculté des Lettres de Lyon.
