Page:Cosquin - Les Contes indiens et l’Occident, 1922.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 224 —

1
Premier groupe de variantes


Dans un premier groupe de variantes du thème du Sang sur la neige, le héros est à la chasse, comme dans la plupart des contes précédents.

Dans un conte italien de Rome[1], le prince chasseur tue « des oiseaux », expression trop vague pour suggérer le terme de comparaison tiré des noires ailes du corbeau ; mais, dans un conte roumain du Banat hongrois et dans un conte tchèque de Bohême[2], où l’oiseau abattu est un corbeau, le héros se souhaite une femme « blanche et rouge comme la neige » [ensanglantée] et « noire comme le corbeau » (conte roumain) ; « au corps blanc comme la neige, au visage rouge comme le sang, aux cheveux comme le plumage du corbeau » (conte tchèque).

Ce n’est pas le noir qui fait défaut dans un conte écossais du comté d’Argyle ; c’est le blanc[3] :

Le fils du roi d’Eirin avait un fils unique qui aimait beaucoup la chasse. Un jour, il tua un gros corbeau bien noir. Il le prit dans ses mains et l’examina. Le sang coulait de la tête, où le corbeau avait été atteint, et le prince se dit à lui-même : « Je ne me marierai jamais qu’à une femme dont les cheveux seront aussi noirs que les plumes de ce corbeau, et les joues aussi rouges que son sang. »

Maintenant, c’est le rouge, le sang, qui va manquer ; la neige, également. Et pourtant, chose curieuse, dans cette variante où il n’y a ni neige, ni sang, notre thème du Sang sur la neige se reconnaîtra parfaitement. Nous pouvons citer, de cette intéressante variante, deux spécimens, qui proviennent, l’un et l’autre, de la région septentrionale du Caucase, et qui ont été recueillis chez des peuplades formant deux rameaux de la famille des Tcherkesses[4].

Premier spécimen :

  1. Miss R. H. Busk, The Folk-lore of Rome (Londres, 1874), p. 19.
  2. Arthur et Albert Schott, Walachische Mærchen (Stuttgart, 1845), p. 200. — A. Waldau, Bœhmisches Mærchenbuch (Prague, 1860), p. 559.
  3. D. Mac Innes, Folk and Hero Tales from Argyllshire (Londres, 1890), n° 1.
  4. Sbornik Kavkas., 27, 4. 25 et 35, 2, 25). — C’est encore notre ami, M. Frédéric Psalmon, qui a bien voulu nous traduire ces contes, d’après la traduction interlinéaire russe.