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Pardonnons-lui, car, à ces défauts près,
Il est bon prince, on le voit sur ses traits.

En ce moment, soucieuse est sa mine.

Non moins pensif à ses côtés chemine
Le blond Kaïs, homme d’un très grand coeur,
Vizir zélé, mais tant soit peu moqueur.

Kaïs.

« Monarque aimé ! quand vous êtes morose,
Je le deviens moi-même à mon insu ;
Expliquez-moi ce qui vous indispose.
Si, pour vizir, vous m’avez pris bossu,
Donnant à tous une preuve authentique
Que, grâce au ciel, vous n’êtes pas l’unique,
Par notre échine et sa conformité,
Confiez-vous à ma fidélité ! »

Adab.

« Vizir, j’étais en pleine indifférence,
Quand tu glosais sur ma protubérance ;
Mais, aujourd’hui, parle avec déférence ! …

Sache qu’Amour a troublé mon repos !
Que Zuléma, cette perle du Caire,
Qu’on m’envoya comme rançon de guerre,
M’accueille mal !… J’en accuse mon dos.
Toi, dont l’esprit en ressources foisonne,
Trouve un moyen, et fais que ma personne
Lui plaise, au moins jusqu’à certain degré…