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Goulab accepte et le cœur et les charmes
Du sultan fier, presque fou de plaisir....
Et tous, remis de leurs chaudes alarmes,
Vont de bonheur s’enivrer à loisir.

— « Marions-nous ! exclama le visir ;
Qu’il sera doux avec notre entourage,
Coulant des jours de soie et d’or tissus,
De voir jouer, au déclin de notre âge,
L’essaim nombreux de nos petits bossus !... »

Tout l’auditoire applaudit et s’écrie :
— « Vive l’esprit et la galanterie,
Vive le roi, les bosses et l’amour !... »
À ces transports notre sultan adhère....
Pour consacrer à jamais ce beau jour,
Et décorer les seigneurs de sa cour,
Il décréta l’ordre du Dromadaire.

Comme un écho de l’orchestre des Dieux,
Un bruit d’en-haut vibra dans l’édifice,
Et le Génie affable, radieux,
À nos héros vint faire ses adieux
Au beau milieu d’un bouquet d’artifice :
— « Bossus, dit-il, fâchés ou satisfaits,
Vous resterez tels qu’Allah vous a faits ;
Je ne veux plus, dans l’un et l’autre sexe,
Des mécontents échanger les fardeaux....
Ah ! croyez-moi, soit concave ou convexe,
Le mieux toujours est de garder son dos ! »