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Chant deuxième

Dame qu’un jour j’invoquai pour ma Muse,
Vous dont l’esprit, dans ses gais aperçus,
Innocemment s’amuse et nous amuse,
Vous m’aviez dit de chanter les bossus,
Et j’obéis. Pourtant, loin des disgrâces
Et des ennuis de la difformité,
Mon cœur, toujours revenant sur vos traces,
Eût mieux compris un hymne à la beauté.

Une héroïne aimant le pittoresque
Aurait passé ses moments les meilleurs
Où Zuléma se désespérait presque…
Rien que bossus de toutes les couleurs,
Bavards, criards, nazillards, persiffleurs
Et ricaneurs… Dedans, dehors, sans cesse,
C’est un spectacle, un supplice pareil,
Se prolongeant même dans le sommeil…
Cent cauchemars obsèdent la princesse…
Magots partout et flots sempiternels
D’affreux poussas et de polichinels !

Peut-on, parmi ces tailles et ces faces,
Choisir, aimer ?… Elle essaîrait en vain…
Sa répugnance était des plus vivaces…
Maison prétend que le diable est bien fin !