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Pour se maintenir dans ces limites, malgré les efforts de quelques conseillers, le parlement repoussa les offres du prince de Condé par cette déclaration de principes, « Que les compagnies avaient droit de résister aux volontés des rois par remontrances, supplications et autres voies d’honneur, mais non par les armes et par la violence. » Tout ce que La Salle, porteur de la lettre, put obtenir, fut qu’il serait sursis à l’exécution de la déclaration portée contre le prince de Condé jusqu’à l’expulsion du cardinal Mazarin.

La nécessité d’être conséquent dans la ligne d’opposition exclusivement légale qu’il s’était tracée, obligea le parlement, dans le même temps qu’il rendait des arrêts contre le cardinal Mazarin, d’en rendre d’autres pour interdire les levées de troupes en tout autre nom qu’au nom du roi, et de décréter de prise de corps le duc de Nemours, lorsque ce prince, après avoir quitté la Saintonge, traversa Paris pour aller en Flandre chercher les vieilles troupes du prince de Condé. Enfin, dans l’espoir qu’une démonstration ferme, mais respectueuse et soumise, détournerait la reine de ses projets, il avait envoyé à Poitiers le président de Bellièvre avec d’autres députés, pour adresser d’humbles remontrances contre le retour du cardinal. Cette démarche fut plus qu’une maladresse au point de vue de la politique du