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ris, engagé comme il l’était, accepterait l’alliance proposée ; mais la fatalité pesait alors sur le prince de Condé ; ses armes et ses négociations devaient être frappées à la fois du même insuccès.

Le parlement se jetait volontiers dans l’opposition, et même dans la plus excessive, mais à une condition qui le préoccupait plus particulièrement, non sans raison, à son point de vue de corps judiciaire, à la condition de ne pas sortir de la légalité, ou, quand il en sortait, de ne s’en éloigner que le moins possible. Le maintien des lois était sa raison d’être, leur observation faisait sa force ; il ne voulait pas s’écarter de cette observation par esprit de droiture, on n’en saurait douter, bien que l’habileté et la prudence fussent en cette occurrence d’accord avec la droiture. Ses arrêts contre le cardinal ne pouvaient en rien le compromettre ; ils étaient basés sur les promesses authentiques et solennelles d’une déclaration rendue par le jeune roi lui-même aussitôt après la reconnaissance de sa majorité. Quelle que fût la connivence non douteuse de la cour avec le cardinal, aucune déclaration nouvelle n’étant venue révoquer la première, le retour du ministre exilé pouvait être considéré comme une sorte d’invasion armée pour s’emparer de la personne du roi et du pouvoir.