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gens empressés qui, d’une main, vous serreront affectueusement et, de l’autre, vous déroberont votre bourse ; — défiez-vous de l’ami d’hier qui vous offre à dîner pour avoir le droit de vous emprunter vingt louis demain ; — craignez l’homme qui prétend avec trop d’effusion vouloir votre bien : il ne veut en général que le sien, à votre détriment ; — ne vous laissez pas séduire par la gaieté, pas plus que par la gravité ; il est des fripons aimables et des voleurs d’aspect sérieux !

— Par Bouddha ! m’écriai-je alors, à qui faut-il se fier ?

— Docteur, ne vous fiez à personne ; — si vous ne voulez pas être dévalisé, sevrez-vous surtout des voluptés que n’oublieront pas de vous offrir des milliers de séduisantes Parisiennes. Il est dans la capitale certains quartiers où l’on noie sa fortune aussi aisément qu’une guinée se perd au milieu de l’Océan ; après les femmes, les plus redoutables fripons sont les usuriers ; après les usuriers, les plus à craindre sont les renards d’affaires ; après eux, et les moins dangereux parce qu’ils sont aussi les moins nombreux, sont les coupeurs de bourse et les bandits qui s’apostent aux coins des routes, et remarquez maintenant ce qui advient à cette cohorte de misérables : — les chenapans qui, le pistolet au poing, vous demandent dans l’ombre une bourse souvent vide, vont à l’échafaud ou aux galères pour le reste de leurs jours ; — les bandits qui enlè-