— Je lui ai donné quelques conseils, répliqua l’excellent Pétrus.
— Et vous avez conservé le brouillon de votre missive.
— Oui, je l’ai même sur moi.
— Je serais bien aise que vous voulussiez m’en faire la lecture.
— Volontiers, me répondit Pétrus avec un sang-froid imperturbable.
Il sortit d’un petit portefeuille une lettre pliée en quatre et lut une épître à peu près conçue en ces termes :
« Il ne faut pas céder au premier mouvement du cœur ; vous êtes jolie, vous avez une belle âme, vous pouvez faire le bonheur d’un mari et d’une famille. La religion nous enseigne à modérer nos feux trop ardents. Les apôtres ont dit que le Paradis était seulement réservé à ceux qui savaient combattre leurs passions. Soyez donc assez forte pour maîtriser ce commencement d’amour. Du reste, mon frère n’a plus à donner sa foi, il est marié ; — dans quelques jours nous reprendrons ensemble le chemin de notre patrie. Vous l’oublierez, mademoiselle, et vous n’aurez pas à vous reprocher d’avoir troublé le calme d’une famille. Si le jeune homme que vous aimez n’était pas arrêté par les