— À peu près tout ce que je sais ; ils m’ont enseigné le latin et le grec dès ma plus tendre enfance ; j’ai appris ensuite l’anglais, le français et l’espagnol avec des Pères de ces trois nations, et naturellement j’ai voulu joindre à ces connaissances le chinois, un peu de sanscrit et quelques dialectes de mon pays.
— Ainsi, lui dis-je, vous possédez environ dix langues ?
— Environ ; mais je soutiendrais difficilement une conversation en grec.
— Je le suppose bien ! On ne rencontrerait pas dans notre docte pays trois savants capables de répondre couramment en grec à une phrase interrogative.
— Je n’en crois rien, reprit Pétrus ; on est si savant en France !
— Parfaitement savant, en vérité, mais d’une ignorance presque proverbiale sur le chapitre des langues. Vous ne trouverez pas en France un seul homme sachant l’annamite !
— Vous m’étonnez ! Mais au moins parlez-vous tous le latin, puisque vos prières sont dans cet idiome ?
— Ah ! cher lettré, vous m’étonnez bien davantage par votre aveugle confiance en notre savoir. Le latin est une admirable langue que les écoliers mettent dix ans à maltraiter, et qu’ils abandonnent dès qu’ils sont à la veille d’en saisir l’esprit.
Nous en demeurâmes là sur ce sujet : il revint à la