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IMPRESSIONS D’UN JAPONAIS

ment douloureux ; que tout le pays tremble de fureur à la nouvelle d’une action honteuse, et qu’un immense cri d’indignation s’élève de toutes parts lorsqu’un autre peuple, au mépris des lois humaines, opprime une nationalité généreuse.

« Le peuple français hait l’abus de la force, et parfois, par une étrange contradiction, il est le premier à en faire usage.

« Ses principaux défauts sont, d’une part, l’orgueil ; — de l’autre, un détestable esprit de dénigrement.

« L’orgueil le pousse à placer au premier rang les vertus soldatesques. Il lui faut des victoires et il les remporte. — Aussi se croit-il si grand, si supérieur, qu’il ne cherche plus à grandir.

« Son esprit de dénigrement, qui tient sans doute aux brillantes qualités de son intelligence, doit singulièrement entraver la marche de son progrès. Une attaque franche peut stimuler le génie ; la raillerie le déconcerte ; le mépris me semble stérile… »

J’allais continuer cette lettre, lorsque l’ami Francœur entra précipitamment chez moi. Sa physionomie était à la fois joyeuse et inquiète.

— Excellence, me dit-il avec volubilité, il faut que je vous quitte. Satrebil vient d’hériter d’une fortune considérable. Il reprend le cours de ses voyages, — cette fois en grand seigneur. Je lui ai plu. Je deviens