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aller, beaucoup plus que je ne l’eusse pensé ; cependant j’ose assurer Votre Altesse que je l’aurai, mort ou vif, soumis à la couronne royale de Votre Majesté. Dans cette résolution je quittai Cempoal, que j’ai appelé Séville, le 16 août, avec quinze cavaliers et trois cents fantassins, le mieux équipés que les circonstances me le permirent. Je laissai dans la ville de la Veracruz cent trente hommes et deux cavaliers occupés à la construction d’une forteresse qui est presque achevée, et je quittai cette province de Cempoal et toutes les montagnes environnantes qui comprennent cinquante villes et forteresses, avec environ cinquante mille hommes de guerre, entièrement pacifiées ; les habitants y resteront les loyaux et fidèles serviteurs de Votre Majesté comme ils l’ont été et le sont aujourd’hui ; et cela d’autant mieux, qu’ils étaient sujets de ce seigneur Muteczuma, qui les avait subjugués il y a peu de temps ; et comme je leur ai parlé de Votre Altesse et de son grand et royal pouvoir, ils m’ont dit qu’ils désiraient être mes amis et les vassaux de Votre Majesté ; qu’ils me priaient de les défendre contre ce grand seigneur qui les avait soumis au joug le plus dur, qui leur prenait leurs fils pour les tuer et les sacrifier à ses idoles, et me firent à son sujet mille autres plaintes. C’est pourquoi ils ont été et sont encore les serviteurs loyaux de Votre Majesté. Je crois qu’ils le seront toujours, pour être délivrés de la tyrannie de Muteczuma, et parce que, de mon côté, je les ai toujours traités avec la plus grande bienveillance.

Pour la plus grande sécurité de ceux qui restaient dans la ville, j’emmenais plusieurs des principaux personnages du pays, avec un assez grand nombre de leurs gens, qui me furent très utiles pendant la route. Je crois me rappeler avoir écrit à Votre Majesté dans ma première lettre, que quelques-uns des soldats qui vinrent en ma compagnie étaient amis de Diego Velazquez ; ces gens avaient paru chagrins des services que j’avais rendus à Votre Altesse, et quelques-uns d’entre eux voulurent se révolter et s’enfuir du pays ; notamment quatre Espagnols, nommés Juan Escudero, Diego Cermenio, pilote, Gonzalo de Ungria, autre pilote, et Alonso Peñate, lesquels, comme ils l’avouèrent spontanément, avaient résolu de s’emparer d’un