Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

villages et de grandes villes et que les Indiens y vivaient comme les gens des autres provinces, et que même plusieurs de leurs villages avaient été visités par des Espagnols. Nous peuplerons la contrée, car il y a de bonnes nouvelles de riches mines d’argent.

Très Puissant Seigneur, quand je partis de Mexico pour le golfe des Higueras, deux mois avant le départ d’un de mes capitaines pour la ville de Coliman, qui se trouve sur la mer du Sud, à cent quatre lieues de Mexico, je lui avais donné l’ordre de longer la côte sud jusqu’à cent cinquante ou deux cents lieues de là, pour étudier les ressources du pays et me trouver un port. Ce capitaine parcourut la contrée pendant environ cent trente lieues et me dit avoir découvert plusieurs ports sur la côte, dont nous avions le plus grand besoin, en même temps que nombre de grands villages peuplés d’Indiens, excellents guerriers, avec lesquels il eut plusieurs rencontres ; il n’alla pas plus avant faute d’hommes, et il me parlait d’une grande rivière que les naturels lui disaient être située à dix journées de l’endroit où il était arrivé et dont on lui raconta les choses les plus extraordinaires. Je lui envoyai des renforts, afin qu’il pût pénétrer jusqu’à cette rivière dont la largeur annonce un très grand fleuve ; lorsqu’il reviendra, j’en adresserai un rapport à Votre Majesté.

Tous les chefs de ces expéditions sont prêts à partir, moins un seul. Plaise à Dieu Notre Seigneur de les bien conduire ; pour moi, encore que Votre Majesté méconnaisse mes efforts, je ne cesserai point de la servir. Il est impossible qu’avec le temps elle ignore mes services ; et quand bien même il en serait ainsi, je serais heureux d’avoir fait ce que je devais, de savoir que j’ai satisfait tout le monde autour de moi et que chacun reconnaît la grandeur de mes œuvres et la loyauté avec laquelle je les ai accomplies ; je n’ambitionne pas d’autre noblesse pour mes enfants.

César Invincible, que Dieu Notre Seigneur conserve la vie et accroisse la prospérité des puissants royaumes de Votre Majesté Sacrée autant que Votre Majesté peut le souhaiter. De la ville de Mexico, le 3 septembre de l’année 1526.