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par suite d’invasions espagnoles ayant pour but d’en enlever les habitants ; quelques autres ont encore quelques Indiens. J’appris tout récemment que dans l’île de Cuba et à la Jamaïque, on préparait une nouvelle expédition contre ces îles afin d’en enlever le reste des habitants. Voulant m’opposer à cet acte de brigandage, je dépêchai une caravelle à la recherche de l’expédition dont je sommai les chefs, au nom de Votre Majesté, de s’abstenir de toutes violence contre les naturels de ces îles que je comptais amener au service de Votre Majesté, et avec lesquels j’étais en relations par l’entremise de plusieurs de leurs concitoyens qui étaient venus s’établir en terre ferme.

Ma caravelle rencontra dans l’une de ces îles appelée Huitila une des caravelles de l’expédition dont le capitaine se nommait Rodrigo de Merlo. Mon capitaine sut me l’amener avec les Indiens dont il s’était emparés. Je fis reporter tous ces gens dans les îles où on les avait pris et je ne procédai point contre le capitaine qui était porteur d’une licence du gouverneur de Cuba, autorisé lui-même par les juges de l’île Espagnola. Je renvoyai donc ces gens sans autre dommage que la perte des Indiens qu’ils avaient enlevés. Le capitaine et les hommes de son équipage, trouvant le pays à leur convenance, restèrent à la côte où ils s’établirent.

Les Indiens de ces îles ayant eu connaissance du service que je leur avais rendu et sachant comment leurs camarades étaient traités sur la terre ferme, vinrent m’en remercier en se mettant au service de Votre Majesté, et me demandèrent ce que j’exigeais d’eux. Je leur conseillai, au nom de Votre Majesté, de bien cultiver leurs terres ; c’était ce qu’ils pouvaient faire de mieux. Ils me quittèrent emportant une lettre de moi, qui devait leur servir de garantie contre une future expédition. Ils me demandèrent, pour plus de sûreté, de les faire accompagner chacun par un Espagnol ; le peu de gens que j’avais avec moi, m’empêcha d’accéder à leur désir, mais je chargeai le lieutenant Fernando de Saavedra de leur en envoyer plus tard.

Je m’embarquai aussitôt dans le navire qui m’avait apporté des nouvelles de Mexico, et dans les deux autres je mis des gens de ma suite, en tout, une vingtaine de personnes avec nos