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besoin de quoi que ce fût, j’étais prêt à le lui fournir si je l’avais à ma disposition.

En recevant cet ordre, Rojas l’exécuta sur-le-champ, ce dont les naturels se déclarèrent très satisfaits, encore que, l’alguazil parti, on leur avait encore enlevé quelques personnes. Je profitai de l’occasion de ce capitaine pour écrire de nouveau à Francisco Fernandez pour lui offrir tout ce dont il aurait besoin, pensant ainsi servir les intérêts de Votre Majesté et lui recommandant l’obéissance à son général. Je ne sais trop ce qui survint plus tard ; j’appris cependant de l’alguazil et de ceux qui l’avaient accompagné, que Rojas avait reçu de son capitaine Francisco Fernandez une lettre qui le rappelait en toute hâte, lui disant que la discorde avait éclaté dans sa troupe et que deux de ses lieutenants s’étaient révoltés, dont l’un se nommait Soto et l’autre Andrès Garabito. Ils s’étaient insurgés, disait-on, parce qu’ils avaient appris que lui-même voulait se révolter contre son général. De quelque manière que tourne la chose, il ne peut en résulter qu’un grand mal pour les Espagnols, comme pour les Indiens. Votre Majesté jugera quel châtiment ont mérité les auteurs de ces troubles.

Je voulais partir pour le Nicaragua pensant apaiser ces mutineries : pendant que je m’y préparais et qu’on m’ouvrait un passage dans un défilé fort difficile, j’appris l’arrivée dans le port, du navire que j’avais envoyé dans la Nouvelle-Espagne ; il avait à bord un de mes cousins, moine de l’ordre de Saint-François, qui se nomme Fray Diego Altamirano et qui me raconta ce que me confirmaient de nombreuses lettres, les agitations, les troubles et les scandales qui éclataient journellement entre les officiers de Votre Majesté, que j’avais nommés avant mon départ, et me rappela l’obligation pressante où j’étais de venir remédier à ce triste état de choses. Je renonçai donc à mon voyage au Nicaragua et à la côte de la mer du Sud, où cependant j’aurais pu rendre à Votre Majesté les plus grands services, dans les riches provinces que je devais traverser. J’aurais raffermi chez celles qui sont en paix le zèle à servir Votre Majesté, je veux parler des provinces de Utatlan et Guatemala où Pedro de Alvarado a séjourné si longtemps, et qui depuis certains