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passées et que je ne voulais pas m’en souvenir, je leur dis que, en nom de Votre Majesté, je les aiderais et les favoriserais de tout mon pouvoir et qu’en votre nom royal je confirmais dans leurs emplois, tous les officiers, alcades et conseillers municipaux que Francisco de Las Casas avait nommés en mon nom. Ce dont ils se réjouirent ainsi que de l’assurance qu’on ne leur reprocherait plus leur faute.

Comme ils me certifiaient que ce bachelier Moreno devait revenir sous peu avec beaucoup de monde et des dépêches des juges, de l’île Espagnola, je n’osais pas quitter le port pour m’en aller dans l’intérieur. J’avais cependant des nouvelles de certains villages situés à six ou sept lieues de là, avec lesquels des habitants de cette ville avaient eu diverses rencontres au sujet des vivres qu’ils voulaient se procurer ; ils me disaient que s’ils avaient eu des interprètes pour s’entendre avec ces Indiens, ils auraient pu traiter avec eux, car ils semblaient manifester de la bonne volonté. On les avait cependant fort maltraités en s’emparant de femmes et d’enfants que le bachelier avait mis au fer et emmenés dans un navire. Cette nouvelle affaire m’irrita profondément pour les conséquences fâcheuses qu’elle pouvait avoir.

J’écrivis donc à ces juges d’Espagnola, leur donnant tous les détails de ce qu’avait fait le bachelier en cette ville ; j’envoyai en même temps un mandat d’arrêt, au nom de Votre Majesté, pour qu’on s’emparât du coupable et qu’on me l’envoyât sous bonne garde ; j’exigeai qu’on me renvoyât tous les Indiens que le bachelier avait emmenés comme esclaves, en quoi il avait agi contre tout droit et toute justice, ainsi que le prouvait le rapport que j’envoyais. Je ne sais ce que les juges feront, mais je ferai connaître leur réponse à Votre Majesté.

Deux jours après mon arrivée dans cette ville de Trujillo, j’envoyai un Espagnol interprète avec trois Indiens de Mexico dans les villages en question ; je rappelai bien à l’Espagnol et aux Mexicains ce qu’ils auraient à dire aux caciques et aux habitants de ces villages ; ils devaient leur apprendre qui j’étais, devant être connu d’eux par les récits des marchands. Les premiers de ces villages où ils s’arrêtèrent s’appelaient, l’un, Cha-