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sur une carte d’étoffe qui me fit croire que la route serait facile, surtout pour me rendre là où se trouvaient les Espagnols. Heureux de recevoir de si bons renseignements qui m’engageaient à poursuivre mes desseins ; aussi désireux d’amener les Indiens à la connaissance de notre sainte foi et au service de Votre Majesté, qu’entraîné dans cette longue route (où je devais trouver tant de pays et de gens nouveaux) pour m’assurer si ces Espagnols étaient ceux des capitaines que j’avais envoyés là-bas, Diego ou Cristobal de Oli, Pedro de Alvarado, ou Francisco de Las Casas ; ayant à les voir pour leur tracer une ligne de conduite, il me parut nécessaire de poursuivre. J’espérais voir en outre des provinces et des terres inconnues et que je pourrais soumettre, comme il arriva ; ayant bien calculé les résultats de l’expédition, laissant de côté les fatigues et les dépenses prévues et imprévues, je me déterminai à suivre ma route comme j’y étais déjà résolu en quittant la ville de Mexico.

Avant d’arriver à la ville del Espiritu Santo, j’avais, deux ou trois fois en chemin, reçu des lettres de Mexico ; j’en reçus aussi de mon lieutenant et autres personnes, et les officiers de ma compagnie en reçurent également. Ces lettres nous apprenaient qu’il n’y avait rien de l’accord qui devait exister entre le trésorier et le maître des comptes, qu’au nom de Votre Majesté, j’avais chargés du gouvernement en mon absence. À ce sujet, je fis ce que je crus être convenable, en leur reprochant leur conduite et en les menaçant, s’ils continuaient les mêmes errements, de les révoquer et d’en faire un rapport à Votre Majesté.

Pendant mon séjour dans la ville de l’Espiritu Santo, d’autres lettres m’arrivèrent, tant de ces deux personnages, que de personnes diverses, m’avertissant que la discorde régnait plus violente que jamais entre mes représentants ; que dans une réunion du conseil, ils avaient tiré l’épée l’un contre l’autre, ce qui provoqua un affreux scandale et amena de grands troubles, non seulement entre les Espagnols, qui prirent parti pour l’un ou pour l’autre, mais aussi parmi les Indiens qui furent sur le point de prendre les armes, disant qu’eux seuls seraient victimes de cette altercation.

Voyant que mes observations et mes menaces restaient