Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien fait, qu’un grand nombre de villages se sont révoltés et se sont alliés avec eux.

Je manquais d’hommes, en ayant envoyé un peu partout ; cependant, je réunis cent cinquante fantassins, presque tous arquebusiers et arbalétriers ne pouvant utiliser les chevaux ; j’emmenai quatre pièces d’artillerie avec quantité de munitions pour les pièces et pour mes hommes, que je mis sous le commandement de Rodrigo Rangel, alcade de la ville Espiritu-Santo, qui déjà l’année précédente avait marché contre ces mêmes Indiens qu’il ne put atteindre à cause de la saison des pluies et qu’il dut abandonner après deux mois de séjour dans leur province.

Ce capitaine quitta la ville, le 5 février de la présente année, et j’espère que, partant en la bonne saison, avec une troupe nombreuse de vétérans en parfaite tenue et bien approvisionnée, appuyée d’un corps d’Indiens alliés, il mènera l’expédition à bonne fin et rendra d’immenses services à la couronne impériale de Votre Altesse, parce que non seulement ces gens refusent de nous obéir, mais font le plus grand mal à ceux qui nous sont fidèles.

La contrée est riche en mines d’or ; une fois pacifiée, les Espagnols s’en empareront pour punir les habitants de s’être révoltés, après s’être déclarés sujets de Votre Majesté, et nous avoir fait tant de mal ; ils seront réduits en esclavage. J’ordonnai même, que ceux qui seraient pris seraient en partie marqués au fer de Votre Majesté et le reste distribué à chacun des membres de l’expédition. Très Excellent Seigneur, je puis assurer Votre Majesté que la moindre des expéditions dont je viens de parler, me coûte plus de cinq mille piastres d’or, et celles de Pedro de Alvarado et de Cristobal de Oli plus de cinquante mille, sans compter d’autres frais que je passe sous silence ; mais comme tout fut employé au service de Votre Majesté, je ne peux que m’en réjouir et quand j’y userais ma personne même, je le tiendrais pour une insigne faveur, et jamais occasion ne se présentera pour me dévouer au service de Votre Altesse, que je ne la saisisse.

Dans la relation précédente et dans celle-ci, j’ai parlé à