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de Alvarado, pour aller soumettre les villes de Guatemala et Utatlan dont j’ai déjà fait mention et autres provinces qui sont au delà. J’avais arrêté l’expédition par suite de l’arrivée de Francisco de Garay, et j’avais fait d’énormes dépenses en artillerie, armes, munitions et argent pour secourir la province menacée ; mais croyant devoir employer toutes mes ressources au service de Dieu, Notre Seigneur, et de Votre Majesté, espérant découvrir de ce côté, de nouvelles contrées et de nouvelles traces, je poursuivis mes desseins. J’organisai de nouveau l’armée d’Alvarado et je le fis partir de Mexico le 6 du mois de décembre de l’année 1523. Il emmenait cent vingt cavaliers que je portai à cent soixante et trois cents fantassins, dont cent trente arbalétriers et arquebusiers ; il avait quatre pièces de canon, une grande quantité de poudre et de munitions et je l’avais fait accompagner de seigneurs, tant de Mexico que des enviions et de quelques Indiens seulement, car la route est longue.

J’ai su qu’ils étaient arrivés le 12 janvier dans la province de Tehuantepec et que tout allait bien. J’espère que Notre Seigneur les guidera, parce que, enrôlés au service de Votre Majesté, ils ne peuvent compter que sur des succès.

Je recommandai à Alvarado de m’envoyer un rapport succinct de tout ce qui lui arriverait, pour que je pusse moi-même en faire une relation détaillée à Votre Majesté.

Je tiens pour certain, selon les renseignements que j’ai du pays, que Pedro de Alvarado et Cristobal de Oli doivent se rencontrer, s’ils ne se trouvent séparés par le détroit en question.

J’aurais déjà fait bien des expéditions de ce genre en cette contrée, dont nous aurions approfondi les mystères, si l’affaire de Garay ne nous avait retardé.

Ce fut en vérité un grand dommage aux intérêts de Votre Majesté que ce retard dans nos découvertes, qui nous eussent procuré pour le trésor royal, quantité d’or et de perles ; mais à l’avenir, si d’autres difficultés ne surviennent, je m’efforcerai de réparer le temps perdu ; car en ce qui me concerne, je puis assurer Votre Majesté Impériale et Sacrée, qu’après avoir