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du soulèvement des gens du Panuco, me racontait que, se trouvant lui, un fantassin et trois cavaliers, dans un village appelé Tacetuco, ils avaient été surpris par les Indiens, qui avaient tué deux cavaliers, le cheval du troisième et le fantassin, et que lui et le cavalier survivant s’étaient dérobés à la faveur de la nuit ; qu’ils avaient remarqué une maison du village où devaient les attendre un lieutenant avec quinze chevaux et quarante fantassins, que la maison étant incendiée, il avait cru, d’après certaines apparences, que ces hommes avaient été massacrés. J’attendis cinq ou six jours d’autres nouvelles ; je reçus un courrier de ce lieutenant qui se trouvait en un village appelé Teneztequipa, dépendant de Mexico et situé sur la frontière ; il me disait dans sa lettre que, se trouvant dans le village de Tacetuco avec quinze chevaux et quarante piétons attendant de nos hommes qui venaient le rejoindre pour aller de l’autre côté de la rivière, soumettre certains villages qui n’étaient pas encore pacifiés, ils avaient été cernés vers le matin par une foule d’Indiens qui avaient incendié leur quartier ; croyant la contrée sûre, ils avaient été surpris et si vivement attaqués, que tous avaient été massacrés, sauf lui et deux cavaliers qui se sauvèrent. On lui avait tué son cheval et son camarade le prit en croupe : et s’ils avaient pu se sauver, c’est qu’à deux lieues de là, se trouvait un alcade de Santistehan avec quelques gens qui les secourut ; ils s’arrêtèrent peu, et l’alcade s’enfuit avec eux de la province. Que du reste, il ne savait rien des gens qui étaient restés dans la ville, pas plus que des hommes de Garay qui avaient été disséminés dans les environs ; il craignait qu’ils ne fussent tous morts.

J’ai eu l’honneur de l’écrire à Votre Majesté : dès que Francisco de Garay a son arrivée eût fait dire aux naturels que je n’avais point à me mêler de leurs affaires ; qu’il était lui, le gouverneur à qui l’on devait obéir et qu’en se réunissant à lui, on jetterait hors de la province tous les Espagnols que j’y avais envoyés et que je pourrais y envoyer, tous les Indiens s’étaient révoltés ; et depuis ce temps, ils n’obéirent jamais de bon gré à aucun Espagnol. Ils en avaient déjà massacré quelques-uns de ceux qui rôdaient seuls par les chemins. Ce lieutenant croyait