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aussitôt à la recherche des principaux habitants qui vinrent au village et se réjouirent beaucoup de ce que le capitaine Fernand Cortes avait communiqué au cacique chef de l’île ; celui-ci ordonna donc aux Indiens de revenir ; ils revinrent fort contents et se rassurèrent si bien que les villages se trouvèrent peuplés comme devant et que ces gens se mêlaient à nous avec autant de familiarité que s’ils nous eussent connus depuis de longues années.

Sur ces entrefaites, le capitaine apprit que sept ans auparavant, certains Espagnols revenant de la Terre ferme sur une caravelle, avaient fait naufrage sur les bas-fonds de la Jamaïque ; qu’ils s’étaient sauvés sur un de leurs canots, lequel avait été jeté sur la côte yucatèque où les Indiens les retenaient prisonniers. Le capitaine Fernand Cortes avait déjà été informé de cet événement avant de quitter l’île Fernandina ; mais en apprenant des nouvelles certaines de ces Espagnols, ainsi que de l’endroit où ils se trouvaient prisonniers, il lui sembla que ce serait servir Dieu et Vos Majestés que de s’efforcer de les délivrer ; et il serait immédiatement parti avec sa flotte pour aller à leur rencontre, si les pilotes ne l’en avaient dissuadé, en lui disant qu’il risquait la perte de ses navires et de ses hommes dans des parages où la mer est toujours mauvaise et la côte sans abri.

Cortes renonça donc à son projet : mais il envoya des Indiens qui prétendaient connaître le cacique au service duquel se trouvaient les Espagnols, avec mission d’aller les voir, les engager à se sauver et gagner la côte, où, au moyen de canoas, ils pourraient venir le trouver à l’île de Santa Cruz où il les attendrait. Trois jours après le départ des Indiens porteurs de lettres pour les prisonniers, le capitaine craignant que cela fût insuffisant et que ses messagers ne réussissent pas comme il le désirait, résolut d’envoyer deux brigantins, un grand canot et quarante soldats afin de recueillir les Espagnols s’ils se présentaient à la côte ; il leur adjoignit aussi trois Indiens munis de lettres, qui devaient être mis à terre et se lancer à la recherche des prisonniers. Arrivés à la côte, les brigantins débarquèrent les Indiens et conformément aux instructions de Cortes les envoyè-