Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le point de partir, ou d’envoyer des gens à la rivière Panuco, pour m’emparer de la province, parce qu’il y avait là un bon port et qu’on y avait massacré des Espagnols, tant de ceux qu’avait envoyés Francisco de Garay que d’autres appartenant à un navire qui vint échouer sur la côte et dont pas un n’avait échappé. Les Indiens vinrent plus tard me trouver pour se disculper, me disant qu’ils ignoraient que ces gens étaient de ma compagnie et que, d’ailleurs, ils en avaient été fort maltraités ; mais que si je voulais leur envoyer des hommes de ma troupe, ils les recevraient avec plaisir, se mettraient à leur disposition, et qu’ils me seraient reconnaissants de les leur envoyer ; ils craignaient, disaient-ils, que ceux qu’ils avaient battus, ne revinssent pour en tirer vengeance et comptaient sur mes Espagnols pour les défendre contre des voisins avec lesquels ils étaient en guerre. Quand les Indiens vinrent me trouver, je manquais d’hommes et je ne pus leur accorder ce qu’ils me demandaient, le leur promettant pour le plus tôt possible. Ils s’en retournèrent satisfaits, m’ayant amené comme sujets et vassaux de Votre Majesté, une douzaine de villages situés près de la frontière de Mexico.

Peu de jours après ils revinrent, me pressant de leur envoyer du monde pour coloniser chez eux, puisque j’en envoyais en d’autres provinces ; ils avaient, disaient-ils, beaucoup à souffrir de leurs ennemis, ainsi que des Indiens de la côte qui leur en voulaient d’autant plus, qu’ils s’étaient déclarés mes alliés. Me trouvant quelques troupes sous la main, je résolus de remplir ma promesse et de fonder une colonie dans cette province. Je choisis donc l’un de mes lieutenants à qui je donnai L’ordre de se rendre au Panuco ; lorsqu’au moment où il partait, j’appris par un navire qui arrivait de l’île de Cuba, que l’amiral Don Diego Colon et les gouverneurs Diego Velazquez et Francisco de Garay, réunis dans l’île de Cuba, s’étaient alliés avec mes ennemis, pour me faire tout le mal qu’ils pourraient. Voulant annuler leurs mauvais desseins et empêcher que leur arrivée ne causât des troubles comme il s’en était produit autrefois à l’arrivée de Narvaez, je résolus de laisser à Mexico une forte garnison, de me transporter moi-même à la côte, de manière