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peines du monde à les apaiser ; d’autant plus que j’avais été informé, encore que je n’en fisse rien voir, que quelques-uns d’entre eux avaient émis l’idée que, puisqu’on ne payait leurs services que par des menaces, ils n’avaient, en ce cas, qu’à imiter les communes de Castille en se constituant en communes, jusqu’à ce que Votre Majesté fût informée de l’état des choses.

L’évêque avait un tel intérêt dans cette affaire, qu’il empêchait nos réclamations de parvenir jusqu’à Votre Majesté ; il avait dans sa main les offices de commerce de Séville, où on maltraitait nos envoyés ; on les dépouillait de leurs rapports, de leurs lettres et de leur argent, et l’évêque s’opposait à ce qu’on nous envoyât aucun secours d’hommes, d’armes ou de munitions.

Je fis donc savoir à mes hommes ce que je dis plus haut, ajoutant que Votre Majesté l’ignorait certainement ; mais qu’ils devaient être persuadés qu’aussitôt que Votre Majesté saurait la vérité, ils seraient payés de leurs services et recevraient les récompenses que tout bon et loyal serviteur du roi mérite de recevoir.

Ils se rassurèrent, et furent très heureux des pouvoirs que Votre Grandeur a daigné me conférer, et servent avec un zèle que confirme le résultat de leurs travaux. Ils méritent donc que Votre Majesté les comble de grâces tant pour leurs services passés que ceux qu’ils désirent vous rendre encore ; et j’en supplie très humblement Votre Majesté, l’assurant que, pour toute faveur accordée à mes camarades, j’éprouverais la même gratitude que si elle m’eût été accordée à moi-même ; car, sans eux, quels services aurais-je pu rendre à Votre Majesté ? Je supplie donc de nouveau Votre Altesse, de vouloir bien leur faire écrire pour les assurer que, leurs services ont été appréciés et que les récompenses allaient suivre ; car, outre le paiement d’une dette que leur doit Votre Majesté, ce sera les encourager à déployer pour l’avenir encore plus de zèle et de meilleure volonté.

Par suite d’une cédule que Votre Majesté voulut bien émettre sur la demande de Juan de Ribera touchant Francisco de Garay, j’ai compris que Votre Altesse avait été informée que j’étais sur