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et les servent encore à l’exception de ceux de Tabasco, de Cimatlan et de Quezaltepec qui se révoltèrent. Il y a un mois que j’ai envoyé un de mes lieutenants pour châtier cette rébellion et ramener ces Indiens à l’obéissance. Jusqu’à présent je n’en ai pas de nouvelles : je crois, grâce à Dieu, qu’ils feront une bonne besogne, car ils ont emmené de l’artillerie, de la cavalerie et des arbalétriers.

Dans la relation que vous a portée Juan de Ribera, Seigneur Très Catholique, je disais à Votre Majesté Impériale, qu’une grande province appelée Michoacan et dont le roi se nomme Catzolcin, m’avait envoyé des ambassadeurs pour s’offrir lui et ses sujets comme vassaux de Votre Césaréenne Majesté, et qu’ils m’avaient apporté divers présents que j’envoyai à Votre Majesté par les procureurs que j’avais expédiés de cette Nouvelle-Espagne. Je disais, d’après les renseignements reçus des Espagnols que j’avais envoyés là-bas, que la province du roi Catzolcin était grande et riche, et qu’ayant reçu des renforts en hommes et en chevaux, cette province étant voisine de Mexico, j’y avais envoyé soixante-dix cavaliers et deux cents fantassins, bien fournis d’armes et de munitions pour qu’ils parcourussent le pays et en étudiassent les ressources. Je voulais en même temps, que, s’ils trouvaient la contrée propice à une colonisation, ils s’établissent dans la ville principale, appelée Huicicila. Mes troupes furent bien accueillies par le roi et les habitants qui les installèrent dans les palais de la ville. Outre les vivres qu’on leur fournit en abondance, on leur donna pour plus de trois mille marcs d’argent mélangé de cuivre, et près de cinq mille piastres de lingots d’or mélangé d’argent, des étoffes de coton et autres objets de leur industrie. On en retira le cinquième pour Votre Majesté ; le reste fut réparti entre les soldats de l’expédition. Le pays ne leur plaisant pas, plusieurs de mes hommes se refusèrent à y coloniser et se livrèrent à quelques mutineries ; on en châtia un certain nombre et je fis revenir ceux qui se refusaient à rester ; quant aux autres, je les envoyai sous les ordres d’un capitaine, à la mer du sud, où j’avais fondé une ville appelée Zacatula, située à cent lieues de Huicicila, où j’avais sur chantiers quatre navires destinés aux